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Critique BD « Octofight – Tome 1 – Ô vieillesse ennemie » de Nicolas Juncker et Chico Pacheco

Caractéristiques de l’album:

Ça commence comme ça:

Stéphane et Nadège Legoadec forment un couple d’octogénaires exemplaire. Du moins en apparence puisque monsieur à un vice, la cigarette. Si cela n’aurait posé aucun problème dans les années 2000, en 2056 c’est une bien autre histoire. En effet, l’État, porté par le président Mohamed Maréchal- Le Pen, à décrété que toute personne de plus de quatre-vingts ans en fin de droit doit subir l’euthanasie civique. C’étant donc fait contrôlé positif à la nicotine, Stéphane s’est fait radier de la sécurité sociale et devrait donc subir ladite sentence. N’étant pas vraiment pressé de mourir, notre héros à la « jeunesse réduite » n’a plus qu’une solution, la clandestinité. Cependant, il arrive parfois que l’exil devienne bien pire que la mort…

Octofight – Tome 1 – Ô vieillesse ennemie (Juncker/ Pacheco) – Éditions Glénat – 2020

Ce que nous en pensons:

Sujet sensible s’il en est, le vieillissement de la population mondiale n’arrête pas de faire couler de l’encre et cela dans tous les médias. Comment gérer ce papy-boom grandissant dans les années futures ? Alors que les États du monde entier commencent à chercher des solutions à cet épineux problème,  le scénariste Nicolas Juncker nous propose une réponse des plus radicales. En effet, dans « Octofight » c’est la solution de l’éradication pure et simple des personnes âgées ne participant plus à l’économie du pays qui a été retenue. Cependant, si le sujet semble assez grave en apparence, cet album le traite avec un certain humour.

Dès les premières planches, le ton est donné. Nicolas Juncker nous plante un décor où tous les politiciens se revendiquent être les dignes descendants du général de Gaulle. Il y a donc la droite gaulliste, la gauche gaulliste, le centre et, bien entendu, tous leurs extrêmes. Certains d’entre eux se sentant même plus gaulliste que le général lui-même ! Bref, cela donne des débats, certes houleux, mais surtout très drôles à suivre. Pourtant, malgré cet humour omniprésent, le scénario d' »Octofight » est bien à classer dans l’anticipation puisque le monde où évoluent nos héros est ultra verrouillé. Des véhicules (électriques, tout de même) devant être « gaullisés » et surtout « gaullistés » pour pouvoir rouler, des civils constamment surveillés par une police (heureusement pas très compétente), bref, il y a un peu du « 1984 » de George Orwell dans tout cela. 

Octofight – Tome 1 – Ô vieillesse ennemie (Juncker/ Pacheco) – Éditions Glénat – 2020

Dans cette France complètement déshumanisée, notre couple d’octogénaires semble paradoxalement représenter l’avenir. Ainsi leur amour sans faille et leur combat pour survivre ensemble éclairent ce monde plongé dans la noirceur la plus totale.  L’auteur démontre aussi que, comme souvent, ce sont les jeunes générations et les plus vieilles qui cherchent à faire changer les choses tandis que les autres préfèrent fermer les yeux. Enfin, le personnage de Stéphane devient de plus en plus attachant au fil de l’album jusqu’au cliffhanger de fin renforçant intelligemment l’empathie que nous éprouvons pour lui. 

Pour finir, nous nous devons de souligner le magnifique travail d’illustration de l’artiste Chico Pacheco achevant admirablement le côté parodique de l’oeuvre. En effet, le dessinateur utilise un trait cartoonesque qui adoucit encore un peu la noirceur des propos développés dans « Octofight« . Ainsi, même les quelques scènes de violence (surtout présentent dans la seconde partie de l’album) paraissent moins brutales.

Octofight – Tome 1 – Ô vieillesse ennemie (Juncker/ Pacheco) – Éditions Glénat – 2020

Il n’est jamais facile de traiter un sujet grave avec légèreté. Souvent soit l’auteur n’en fait pas assez et les lecteurs prennent l’oeuvre au premier degré, soit il en fait trop et là le scénario devient complètement grotesque. C’est pourquoi il est agréable de lire des séries comme « Octofight » qui parviennent à dénoncer un certain état de fait sans pour autant se prendre au sérieux. De plus, Nicolas Pacheco parvient à doser parfaitement les ingrédients qui font les bons scénarios, c’est-à-dire action, humour et une petite pincée de violence. Un cocktail servit avec les graphismes simples, mais efficaces de l’artiste Chico Pacheco. L’attente du second tome risque donc d’être longue.

Cette chronique a été réalisée à partir d’un album offert par l’attachée de presse du groupe.

Notre note:
4/5

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