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Critique du Livre « L’histoire des Zazous » de Gérard Régnier

Caractéristiques de l’album:

Ça commence comme ça:

L’imagerie populaire les rend sympathiques de par leur côté marginal et par l’amour immodéré qu’ils portaient au swing. Pourtant Boris Vian, qui les côtoyait de près avec sa femme Michelle, n’hésitait pas, dans un des chapitres de son oeuvre « Cent sonnets« , à les critiquer vivement pointant du doigt leur ignorance flagrante en matière de jazz. Avec ce livre, Gérard Régnier (Docteur en histoire contemporaine) tente de nous aider à nous faire notre propre opinion sur ces personnages singuliers de la période de l’occupation. Pour cela, il nous relate des faits concrets, récoltés auprès d’artistes et d’anonymes ayant été ou ayant côtoyés des zazous… 

Ce que nous en pensons:

Il existe dans le monde de la littérature un paradoxe assez flagrant. En effet, habituellement lorsqu’un auteur s’attaque à un courant politique, artistique, philosophique… à travers l’Histoire, le résultat est tellement pointu qu’il en devient élitiste et de ce fait peu vivant pour les non-initiés. Avouez que c’est un comble de rendre l’Histoire peu vivante, non ?

C’est pourquoi, si comme pour nous, le mot « Zazou » ne vous évoque qu’une chanson d’Andrex (reprise bien plus tard par le duo Brigitte Fontaine et Matthieu Chedid), l’idée de lire un livre qui leur est entièrement consacré à de quoi faire peur. Pourtant, comment être conventionnel lorsque l’on parle de personnes anticonformistes ? C’est de ce constat que semble être parti Gérard Régnier pour construire son ouvrage « L’histoire des Zazous« . D’emblée, l’auteur nous raconte la genèse de ce livre, prolongation de sa thèse traitant du jazz et de la société en France durant l’occupation. L’historien nous explique, dans une courte introduction, pourquoi il privilégie les tournures à la première personne du singulier plutôt qu’à la première du pluriel (comme le voudrait la convention). Il nous raconte aussi comment, à l’heure où l’internet n’existait pas encore, il a réussi à rencontrer des personnalités telles que Michelle Vian, Eddy Barclay ou encore Claude Abadie. Autant de mémoires vivantes de ce qu’ont été les Zazous et de ce fait indispensables pour faire avancer son enquête.

Le mot est donc lâché, « L’histoire des Zazous » a été pensé et écrit comme une véritable enquête, une sorte de polar historique nous entraînant sur les traces de ces gens, hors-norme, qui refusaient de se soumettre à l’autorité quelle soit Française ou Allemande. De Paris à Bruxelles en passant par Prague et bien sûr Berlin Gérard Régnier apporte de l’eau à notre moulin, donne parfois ses impressions, mais ne cherche à aucun moment à nous convaincre de quoi que ce soit. De plus, toutes les informations un peu pointues sont annotées et expliquées à chaque bas de page. Un procédé appréciable qui permet de ne pas perdre le fil de l’histoire à cause d’interminables allers-retours en fin d’ouvrage. Enfin, de petites illustrations d’époque viennent de temps à autre appuyer les propos de l’auteur tout en rendant le livre plus attrayant encore. 

Peu d’ouvrages historiques peuvent se venter d’être aussi passionnant que « L’histoire des Zazous« . Gérard Reignier prouve donc que l’on traiter ce genre de sujet sans pour autant tomber dans le soporifique. Si vous voulez découvrir le monde fascinant qu’était celui des Zazous, de l’origine du nom du mouvement, jusqu’à la signification de leurs étranges codes vestimentaire et capillaire, jetez-vous sur ce livre ! 

Cette chronique a été réalisée à partir d’une version numérique offerte par l’attachée de presse du groupe.

Notre note:
4/5

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