Site icon Les Petites Chroniques d'Edelric

Critique du roman « Voix sans issue » de Marlène Tissot

Caractéristiques du roman:

Ça commence comme ça:

Mary est coiffeuse dans un établissement chic et Franck est veilleur de nuit dans un cimetière. Si, à priori, rien ne rassemble ces deux personnes, un fardeau commun les unit. Un passé omniprésent où règne en maître un croque-mitaine qui les empêche d’avancer…

Ce que nous en pensons:

En lisant notre synopsis du roman « Voix sans issue« , certains lecteurs pourraient penser avoir à faire à une oeuvre fantastique. Pourtant, c’est une bien triste réalité que nous dépeint ici la romancière, Marlène Tissot. Celle de deux adultes à qui l’on a volé l’enfance. Des personnages dont le présent a été battit sur des bases vermoulues. Pour Mary, c’est l’image d’un père incestueux qui revient la hanté jusque dans ces rêves et pour Franck celle d’une mère acariâtre et violente.  

Cependant, malgré un sujet aussi difficile que celui-ci l’auteure ne va pas chercher à nous bousculer ou au contraire à nous tirer des larmes faciles. En effet, si certaines scènes du livre pourraient être assez glauques à décrire, Marlène Tissot s’arrange toujours pour user d’image et de métaphores permettant de les rendre beaucoup moins crues. Si, bien entendu, un certain lien empathique se forme tout de même au fil des pages entre le lecteur et ces deux âmes brisées c’est uniquement dû un système de narration très intelligent. En effet, la singularité de « Voix sans issue » se trouve dans le fait que les deux personnages se relaient constamment pour nous narrer leur histoire. Cela permet d’une part d’avoir un éclairage différent sur une même scène et d’autre part de nous donner un libre accès aux pensées de Mary et Franck. Ce deuxième point permet donc de mieux appréhender la façon dont l’un et l’autre ont réussi à se reconstruire.

Car voici le deuxième point fort de « Voix sans issue » , la psychologie de ses personnages. Avec ce roman, Marlène Tissot nous démontre qu’un même traumatisme lié à l’enfance peut déboucher sur des pathologies bien différentes une fois adultes. Mary nous apparaît comme une personne souriante, même s’il elle a tendance à se méfier d’autrui. Seules des voix, qu’elle est la seule à entendre, pourraient donc trahir de son mal-être. Franck quant à lui est quelqu’un de taciturne, même si l’on sent à plusieurs reprises qu’il aimerait s’ouvrir aux autres. Cependant, un métier qui n’aide pas au rapprochement lier à un fort penchant pour l’alcool n’arrangent pas sa situation. Deux anti-héros que nous ne pouvons qu’aimer tant ils sont beaux dans leur combat du quotidien.

Il est toujours difficile d’aborder des sujets tels que l’inceste ou la violence faite aux enfants sans tomber dans le larmoyant. Pourtant, avec « Voix sans issue« , Marlène Tissot relève ce challenge avec brio. L’auteur nous propose ici un roman moderne qui dénonce des faits, tels que le silence de la mère de Mary face aux agissements de son mari, sans pour autant juger ou au contraire chercher des excuses aux coupables. La romancière nous raconte une histoire, ou plutôt des histoires, avec leurs lots de tristesse, de joie et de rebondissements. Un roman nécessaire qui parvient avec justesse à mettre des mots sur les maux.

Cette chronique a été réalisée à partir d’un roman offert par l’attachée de presse du groupe.

Notre note:
4.5/5

Quitter la version mobile