Ça commence comme ça:
Pour fêter son dix-septième anniversaire, Mari, accompagnée d’une amie, décide de se procurer de la marijuana. Lorsqu’un jeune marginal, Junior, se propose de leur en procurer, elles acceptent, ne se doutant pas que le dealer fait partie d’une bande de sadiques meurtriers emmenés par le terrifiant Krug. Leur calvaire va bientôt commencer.
Ce que nous en pensons:
Pour nous, Wes Craven est l’un des plus grands maîtres de l’horreur de toute l’histoire du 7e art. Pour commencer, il est le « papa » de notre monstre préféré, Freddy Krueger. Ensuite, le cinéaste est à l’origine de sagas horrifiques majeures telles que La colline à des yeux ou Scream , mais aussi de films devenus cultes comme Shocker (même si celui-ci a connu un succès mitigé lors de sa sortie en salles), Le sous-sol de la terreur ou plus récemment Red eye: sous haute pression.
Pourtant, malgré tout l’amour que nous portons à la filmographie de Wes Craven, La dernière maison sur la gauche ne nous attirait pas plus que cela. La bande-annonce un peu cheap, le jeu des acteurs douteux, le grain de l’image, l’apposition du fameux « inspiré d’une histoire vraie », qui à lui seul parvient à nous faire fuir, tant il est utilisé à toutes les sauces (Jeu d’enfants, le film avec Chucky, pas celui avec Marion Cotillard et Guillaume Canet, était estampillé ainsi…).
Bref, ce long-métrage n’avait rien de sexy pour nous. Quelle erreur faisions-nous !
Alors certes, La dernière maison sur la gauche est un premier film, ce qui implique un budget plus que restreint. Mais qu’importe, Wes Craven a fait de cette faiblesse une force.
En effet, grâce à une mise en scène minimaliste alliée à du matériel bon marché, le réalisateur a rendu son œuvre plus réaliste que jamais.
Le long-métrage a d’ailleurs choqué l’Amérique à sa sortie puisque les spectateurs avaient l’impression d’avoir vu un documentaire plutôt qu’une fiction.
Plus tard, Tobe Hooper a même avoué s’en être inspiré pour son légendaire Massacre à la tronçonneuse.
Toutefois, si la photographie et la mise en scène de La dernière maison sur la gauche sont trompeuses, le jeu de certains acteurs rassure sur le fait qu’il s’agisse bien d’un film. Nous ne pensons pas, par exemple, que Sandra Cassel, qui campe ici la jeune Mari, ait reçu un prix pour sa prestation.
Par contre, David Hess et Fred. J Lincoln sont quasi parfaits en tueurs sadiques.
Pour en finir avec le film, ne vous attendez pas à un long-métrage d’horreur tel que nous les connaissons aujourd’hui. La dernière maison sur la gauche ne comporte pas vraiment de scènes où l’hémoglobine coule à flots. Bien au contraire, la plupart des exécutions sont faites hors champ. Idem pour les viols, Wes Craven préférant les suggérer plutôt que de montrer une débauche de sexe non consentie. Même la nudité est amenée de manière très maîtrisée (et encore dans la version non censurée du film) afin de servir l’intrigue et certainement pas pour attirer du pervers dans les salles.
Mais, ce qui fait vraiment le charme de La dernière maison sur la gauche, c’est son revirement soudain de scénario puisqu’à vingt minutes de la fin les prédateurs deviennent des proies et la peur change de camp. Le found footage devient alors un rape and revenge efficace. C’est d’ailleurs dans cette dernière partie que le génie de Wes Craven se fait le plus sentir puisque les parents de Mari rivalisent ingéniosité pour faire souffrir les bourreaux de leur fille. Nous avons presque l’impression d’assister à une version trash de Maman, j’ai raté l’avion !
Vous l’aurez compris, La dernière maison sur la gauche est loin d’être parfait.
Cependant, ce long-métrage montre déjà tout le talent de Wes Craven qui, malgré les nombreux obstacles qu’il a dû franchir, a su nous offrir un premier film qui tient largement la route. D’un simple fait divers, le réalisateur fait une œuvre novatrice, dérangeante et poisseuse. Nous avons même, par moments, l’impression d’être les complices forcé du gang au même titre que ce pauvre Junior. Un long-métrage qui pose donc les bases d’un cinéma sans concessions.
Les bonus:
À film d’exception, édition de prestige ! Pour cette ressortie en version HD, ESC Éditions ont vu les choses en grand avec un coffret plein à craquer avec plus de sept heures de bonus dont beaucoup sont inédits! Vous trouverez dans celui-ci:
- 1 livre rédigé par Marc Toullec (52 pages), nous n’avons malheureusement pas eu cet objet entre les mains, nous ne pourrons donc pas donner notre avis.
- 1 affiche
- 5 tirages de photos du film
- 5 reproductions de lobby cards du film (photos d’exploitation)
Commençons par le commencement avec les bonus du premier blu_ray:
- le film en version Non censurée
- Présentation du film par Jean-Baptiste Thoret (5min VF)
L’historien du cinéma revient sur la genèse du film. Les difficultés à le faire produire, la manière dont il a été tourné, le contexte de l’époque… Un segment court, mais très intéressant. - Les femmes dans le rape-and-revenge (70min VF)
Un bonus beaucoup plus conséquent que le précédent, mais tout aussi prenant. Trois femmes, Célia Sauvage (docteure en études cinématographiques et audiovisuelles et chargée d’enseignement à Paris III Sorbonne Nouvelle), Clara Sebastiao (co-fondatrice et rédactrice en chef du webzine cinéma The Jelly Brain et programmatrice à Panic!) et Violaine de Charnage (écrivaine) débattent sur le genre rape and revange. Ses origines, son influence sur la vie réelle, notamment sur les mouvements féministes et surtout anti viols, son évolution… Puis, elles basculent sur le film et sur l’accueil qu’il a reçu du public de l’époque. - Ce n’est que du cinéma : Making-of du film (29min VOST)
Comme son nom l’indique, un bon making of du film. - Le Crime qui a changé le cinéma : interviews de Wes Craven, Sean S Cunningham et des acteurs (40min VOST)
Une interview bourrée d’anecdotes de tournage. À voir absolument ! - Commentaire audio du réalisateur Wes Craven et du producteur Sean S. Cunningham (2002)
- Commentaire audio avec les acteurs David Hess, Marc Sheffler et Fred Lincoln (2003)
Sur le second, vous trouverez:
- Le Film dans son montage Krug & Company Cut
- Le film en Version censurée R-RATED
- L’héritage de Wes Craven (17min VF)
Le réalisateur Alexandre Aja, revient sur sa rencontre avec Wes Craven, son histoire d’amour avec La dernière maison sur la gauche, les éléments qui en ont fait un film culte… - Wes Craven, l’Amérique sauvage (67min VF)
Il s’agit ici d’une conférence de l’auteur Stéphane Du Mesnildot. Celui-ci revient, en s’appuyant sur des extraits de longs-métrages, sur les thèmes récurrents dans la filmographie de Wes Craven, son côté rentre dedans, etc. L’auteur répond ensuite à des questions du public. - Wes Craven, l’électrochoc (16min VF)
Trois réalisateurs français, David Perrault (L‘état sauvage), Yann Gonzales (Ultra Rêve, Un Couteau dans le cœur) et Hélier Cisterne (Vandal, De nos frères blessés) nous expliquent en quoi Wes Craven a influencer leurs œuvres. - Toujours debout, l’héritage de La Dernière maison sur la gauche : interview d’archive avec Wes Craven (15min VOST)
Un bonus très intéressant où Wes Craven, entre autres, explique en quoi le film reste encore aujourd’hui une véritable référence du genre.
Et enfin sur le troisième:
- Le Film en Version VHS
- La violence pour elle-même (56min VF)
L’historien du cinéma, Jean-Baptiste Thoret retrace le parcourt de Wes Craven. Sa rencontre avec le producteur Sean Cunningham. Il revient ensuite sur le film, son côté d’étonnant dans l’Amérique des années 70, la manière dont il a été tourné… - Krug fait plier l’Angleterre : reportage sur la première projection du film dans sa version non censurée (24min VOST)
Un bonus pertinent montrant à quel point le film, dans sa version complète, reste encore très percutant aujourd’hui. - Composition pour un meurtre: entretien avec le compositeur du film (9min VOST)
Tout est dans le titre. - Images interdites : interview de l’équipe du film à propos des scènes choquantes (8min VOST)
Toute l’équipe du film revient sur les quelques scènes qui ont choquées les États Unis, une bonne manière de mieux comprendre en quoi Wes Craven était un visionnaire. - Tales That’ll Tear Your Heart Out : court-métrage inachevé de Wes Craven. (11min VOST)
Un court qui montre bien le génie créatif de Wes Craven. - Scènes coupées & Prises de vues (48min VOST)
Là aussi, tout aussi est dans le titre.
Caractéristiques du Blu-Ray/ DVD:
Cette chronique a été réalisée à partir d’un Blu-Ray offert par l’attachée de presse du groupe ESC Éditions .
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