Critique Combo Blu-Ray/ DVD « Bunker palace hotel »

Dans un pays inconnu, le Bunker Palace Hotel sert de refuge aux dignitaires d’une dictature en train de s’écrouler. Le lieu est conçu pour protéger ses occupants et leur garantir le luxe auquel ils sont habitués. Tandis que les arrivées s’échelonnent, le Président tarde à arriver. Mais Clara, une espionne rebelle, parvient à s’infiltrer dans le bâtiment…

Enki Bilal est un artiste qui possède son propre univers. Un style bien à lui, mêlant poésie, pour ne pas dire onyrie, et dystopie. C’est pour cela que bien souvent, soit on adore, soit on déteste complètement ses œuvres. Bunker Palace Hotel n’échappe pas à cette règle et nous propose un scénario lent et contemplatif qui divisera les spectateurs.

Vous l’aurez compris, si vous aimez les blockbusters américains où l’action prime sur le scénario, passez votre chemin. Bunker Palace Hotel est un concept avant d’être un film.
Enki Bilal nous propose ici un huis clos à l’atmosphère dense. Dès les premières images, le réalisateur parvient à nous faire comprendre que le pays où se déroule l’histoire est en proie à une guerre civile. Voilà le peu d’informations dont nous disposons au début du long-métrage.

Enki Bilal ne prend pas ses spectateurs pour des idiots, c’est pourquoi il ne nous mâche pas le travail de perception de son intrigue. Quel est le but de Clara (Carole Bouquet) ? Pourquoi le président tarde-t-il tant à faire son apparition ? Qui est vraiment Holm (Jean-Louis Trintignant) ?
Le réalisateur nous pousse continuellement à nous questionner. Et, croyez-nous sur paroles, il vous faudra attendre les dernières minutes du film pour découvrir toutes les réponses à vos nombreuses interrogations.

D’un point de vue visuel, on retrouve la patte d’Enki Bilal. Une prédominance de bleu pâle, des couleurs pastel et surtout ce givre, que l’on voit dans quasi toutes les œuvres de l’artiste.
Il est cependant regrettable que les humanoïdes, mi-homme m-bêtes, qui pullulent dans ses bandes dessinées, soient ici remplacés par des robots à forme humaine. Mais, il s’agit sûrement d’un manque de budget plutôt que d’ambition.
Malgré tout, leurs nombreux dysfonctionnements apportent une sorte d’humour bienvenu.

Nous finirons cet article en parlant de la bande originale de Bunker Palace Hotel. Entre envolées lyriques et musiques d’ambiance (dont certaines sont jouées très maladroitement par les robots de l’hôtel), le climat sonore est au diapason du scénario. Une sorte d’ovni qui plaira autant qu’elle sera détestée.

Voilà une œuvre bien singulière. Un long-métrage mélangeant poésie et dystopie dans un scénario aussi lent que contemplatif. De quoi rebuter plus d’un spectateur et d’en ravir tout autant. Enki Bilal, comme à son habitude, nous propose une expérience plutôt qu’un film tel que nous le concevons habituellement. Bunker Palace Hotel est aussi magnifique visuellement que le sont toutes les œuvres de l’artiste. Un scénario énigmatique, des personnages hauts en couleur et une fin grandiose qui vaut à elle seule de voir le film.

En plus d’un superbe coffret et de cartes postales, Rimini Éditions nous proposent des bonus, souvent inédits, mettant en lumière le formidable travail d’Enki Bilal.

• Entretien avec Enki Bilal (VF 46min10)
  Interview exclusive datant du 8 juin 2023
  L’artiste revient sur ses souvenirs d’enfance. Comment il a découvert, simultanément, le cinéma et la bande dessinée. Comment l’idée d’un segment de court-métrage à sketch est devenue le film Bunker Palace Hôtel…
  Un bonus très intéressant à voir pour mieux comprendre qui est Enki Bilal.
• Cinémonstre (Multilangues 1h06min44 +4min42 de présentation par Enki Bilal)
  Un film de commande pour la géode où le réalisateur combine des extraits de ses trois longs-métrages. Une expérience unique, mêlant images superbes et musiques, tout aussi flamboyantes. Une sorte de Fantasia pour adultes, en quelque sorte.
  À voir absolument.
• Enki Bilal, souvenirs du futur (VF 50min51)
  Un reportage datant de la préparation du deuxième tome de Bug réalisé pour France Télévision.
  Enki Bilal nous ouvre les portes de son atelier pour nous faire comprendre son processus créatif. De la réalisation de ses planches, au crayons et peinture, à la sublimation par ordinateur, il nous explique comment ses univers prennent corps.
  À voir absolument !
• Images du tournage (VF 3min24)
  Un reportage datant du 13 juin 1989.
  Des caméras de télévision se sont invitées sur le tournage de Bunker Palace Hôtel. L’occasion de voir un peu l’envers du décor ainsi qu’Enki Bilal à ses débuts en tant que réalisateur.
  Dommage qu’il soit si court…

• BUNKER PALACE HOTEL
• De: ENKI BILAL
• Avec: CAROLE BOUQUET, MARIA SCHNEIDER, JEAN-LOUIS TRINTIGNANT…
• Nationalité: Français
• Genre: Dystopie, science-fiction
• Classification: Tous publics avec scènes de légère violence
• Durée: 1h35
• Producteur: France 3 cinéma
• Distributeur: Rimini Éditions
• Date de sortie: 17 octobre 2023
• Prix: 24,99€

Cette chronique a été réalisée à partir d’un Blu-Ray offert par l’attachée de presse du groupe Rimini Éditions .