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Interview de l’auteur de « Dragon Ball – La suite ».

Bonjour,
Premièrement, comment t’est venue l’idée de continuer le scénario de Dragon Ball ?

La fin de Dragon Ball me satisfaisait pleinement. Toriyama sensei a su terminer son œuvre comme il l’a menée de bout en bout, d’une main de maître. Heureusement pour moi, il a laissé le manga se terminer sur une fin ouverte. Simplement, cela a entraîné avec le mélange du marketing et de la volonté des fans de voir une suite émerger, Dragon Ball GT, qui conserve une animation proche même s’il y a de nombreuses libertés scénaristiques. Les maisons d’édition ont eu la sagesse néanmoins de ne pas proposer une version papier (ou peut être était-ce un coup du sort ) mais cela nous a permis de ne pas placer Dragon Ball GT dans la chronologie officielle de Dragon Ball qui est avant tout un manga papier. Un premier sentiment d’inachevé est alors né en moi…et il y a eu Dragon Ball Super… Mais là, on arrive à la deuxième question ah ah.

Dragon Ball – La suite – 2017

Nous imaginons que le projet a débuté avant  la saga Super. S’il fallait replacer ton arc dans la chronologie officielle, où se situerait-il ?

Alors pas du tout pour le coup. Suite à la sortie de Dragon Ball Super, un profond sentiment de colère est né en moi. Étant un grand fan de la première heure, je n’ai pas supporté ce que cette suite a fait à l’œuvre originale. Je n’ai vu dans Dragon Ball Super, qu’une succession de clichés, et un mélange bancal de tout ce qui fait le succès des mangas shonen, ainsi qu’une vision appauvrie du dragon Ball original. Bien entendue, je respecte le travail de Toyotaro, j’admire sa motivation également et son parcours, mais Dragon Ball Super ne sera, hélas, jamais une suite convenable à mes yeux. C’est donc cela qui m’a fait me décider. Je ne suis pas le seul à avoir cet angle de vue et je comprends les nouvelles générations qui acceptent Dragon Ball Super avec plus de facilité que moi. Cependant, cette suite, ne serait-ce que par le dessin, ne s’approche pas de l’œuvre originale. Mon désir a été alors de créer une suite dans la ligne directe de la saga Boo en essayant d’être le plus fidèle possible du manga original et je pense que c’est ce que les fans de Dragon Ball attendent depuis longtemps. Bien sûr je sais que je ne suis pas Toriyama sensei et que je ne pourrai jamais reproduire avec exactitude ses dessins, ah ah. Et puis mon désir personnel n’est pas seulement de créer une suite, mais également de comprendre cette œuvre que j’affectionne tant. Tout ça pour dire que ce que je produis se place directement à la suite de l’œuvre originale, comme si Dragon Ball GT ou Super n’avaient jamais existé.

Tu as repris l’humour des premiers tomes, un peu disparu depuis quelques années, était-ce pour toi une nécessité de revenir aux sources du manga ?

Il est évident que pour créer une œuvre fidèle à l’original je me devais de reprendre cet humour caractéristique. Cependant, il m’a fallu des années pour le comprendre et le mettre en scène. N’ayant pas le passé de Mangaka humoristique de Toriyama sensei, je pense aujourd’hui être capable de produire quelque chose de tout juste satisfaisant. Vous savez Toriyama sensei est avant tout caricaturiste avant d’être mangaka ah ah.

Dragon Ball – La suite – 2017

Es-tu seul aux commandes, graphismes et scénario ? Si oui, quel est ton domaine de prédilection ?

Oui, je suis seul et j’aime cela pour à peu près tout. Pourtant, je délaisserais bien toute la partie qui touche à l’ordinateur comme le cleaning des pages et la mise en place des dialogues à une personne tierce… les aplats de noir aussi ah ah ! Mais bon, je ne pourrai me le permettre que lorsque j’aurais produit une « œuvre » assez conséquente et que je pourrais le rémunérer ah ah. Sinon ce que j’aime le plus c’est clairement la mise en page, je pense que le scénario n’a guère d’importance, il se doit simplement d’être cohérent au possible. Cependant, ce qui fait vivre le manga, est ce qu’il a emprunté au cinéma, c’est-à-dire la mise en scène. Je ne suis pas le premier à le dire, mais la mise en page/ en scène est ce qui vous fait ressentir une émotion. Dans Dragon Ball la maîtrise de la mise en page est telle, de par sa clarté et son dynamisme, que vous pourriez lire le manga sans dialogue et comprendre intégralement l’œuvre, je pense. Là est le talent de Toriyama sensei que j’aimerais effleurer.

Qu’elle est ta cadence de parution, quelle est la difficulté pour garder ce rythme ?

J’essaie de faire paraître un chapitre par mois. Ma plus grande difficulté est… moi-même, la colère qui naît de mon manque d’expérience et des énormes défauts que compte mon travail, je souhaite constamment retravailler mes pages, ça et aussi le fait que j’ai un travail à côté de la création du manga ah ah.

Dragon Ball – La suite – 2017

As-tu déjà songé à envoyer tes planches aux Éditions Glénat (NDR: le distributeur français de la série Dragon Ball versions papier)?

Pas du tout, je ne pense même pas pouvoir me permettre d’y songer, « l’œuvre » que je produis n’est pas assez conséquente pour y songer et puis je finirais par être contacté tôt ou tard si ce que je produis est bon. J’ai besoin de me construire tout seul pour le moment, enfin avec l’aide des personnes qui me laissent des commentaires et me poussent à m’améliorer, bien sûr.

Question traditionnelle des petites chroniques pour finir. Quelle question ne t’a-t-on jamais posée, mais à laquelle tu aimerais répondre ?

Ce serait, « c’est bien beau de faire une œuvre fidèle trou du c** mais comment tu fais justement pour être fidèle ? »

Ce à quoi je répondrais qu’il faut lire, relire, re relire les pages. Il faut regarder toutes les œuvres de l’auteur, comprendre ses gimmicks, sa mise en page. Enfin, comprendre comment il fait vivre ses personnages, chercher le matériel utilisé, comprendre comment il l’utilise, la position de sa main, la mentalité de Toriyama sensei, son amour de la nature, du modélisme, etc. C’est un travail de rétro engineering passionnant, malheureusement quelques fois le grand âge de l’œuvre Dragon Ball fait qu’il y a des pertes, comme les couleurs luma ink qu’utilisait Toriyama sensei à l’époque, qui a pratiquement disparu. On ne trouve que quelques couleurs de-ci de-là sur internet. Ça fait un pincement au cœur de se dire que je ne pourrai jamais avoir la même couleur que les illustrations de Toriyama sensei… mais bon la vie continue ah ah.

Dragon Ball c’est la vie !

Merci Beaucoup.
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Propos recueillis, le 02 novembre 2020 et retranscrits d’après un fichier Word

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